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Comptes Rendus de Jaime Salcedo

par Mathieu

Présentation du personnage

Jaime est un mexicain de 28 ans. Vachero de profession, c’est un républicain convaincu et un fervent admirateur de Juarez (le métis d’indien président du Mexique). Grand, le teint hâlé, souvent mal rasé, on sent que Jaime a connu des jours meilleurs… Son costume défraîchi témoigne d’une époque moins rude. Le tissu est maintenant usé, les ronds de cuivre de ses jambières sont ternes, son sombrero troué.

Quand les Français sont arrivés pour placer L’archiduc Maximilien d’Autriche sur le trône du Mexique, Jaime s’est enrôlé dans les armées de Juarez pour repousser les envahisseurs et défendre la République dés 1860 (à 12 ans !). Mais face à la force conjuguée des armées françaises et des forces de l’armée mexicaine sécessionistes, les troupes mal entraînées de Juarez n’ont pas pesées lourd.

Rapidement, les républicains survivants se sont ou débandés, ou sont entrés dans la guérilla. Jaime est resté fidèle à Juarez et opère donc dans le nord-ouest du pays. Le général Diaz, qui occupe le sud du pays, a choisi de combattre pour son propre compte. Santa Anna, rappelé par l’empereur Maximilien pour prendre la tête de la partie mexicaine de l’armée, mène la vie dure aux Juaristes qui ont adopté des méthodes de guerilla.

Le manque d’armes et de munitions étant un problèmes récurrent pour les guerilleros, Juarez a décidé d’ envoyer un groupe de fervents partisans aux États-Unis, afin d’y rechercher soutien financier et militaire. Jaime faisait partie de ce groupe, mais une patrouille de Texas rangers les ayant interceptés, Jaime s’est trouvé séparé de ses compagnons au cours de la fuite qui s’en est suivie. Aujourd’hui, sans nouvelles de ces camarades et perdu dans le weird west, Jaime a décidé de poursuivre coûte que coûte sa mission, bien qu’il ne sache ni lire, ni écrire, ce qui pour acheter des armes risque de lui poser un problème. La tâche risque de l’occuper un certain temps…

(insérer l'image) Jaime se trouve à l’extrême droite du cliché.

Volume 1 - Chapitre 1

The story so far…

Samedi 2 juin 1877

J’étais allongé dans ce train depuis longtemps déjà, en route pour Denver. Une ville idéale, en plein territoire contesté, donc sans risque de poursuite de la part des soldats confédérés chargés de défendre la frontière. Peu de chances que je passe inaperçu toutefois, ma tenue me désigne clairement pour ce que je suis : un fugitif. Mexicain de surcroît.

Le wagon est bondé. Un couple de libraires allant s’installer à Denver, ce qui ressemble à un médecin, ou un représentant de compagnie minière peut-être ? il a en permanence la main sur sa valise… Ensuite, viennent deux putains, puis un cow-boy avachi, et ce qui semble être un de ces porcs de la légion étrangère française. Qu’est-ce qu’il fout là celui-là ? Il devrait être occupé à garder la frontière entre mon Mexique et Les États confédérés. À sa tenue, on devine un déserteur, mais peut-être est-ce une ruse ? Le reste du wagon est occupé par un révérend peu loquace, un autre médecin/agent d’expertise minière et deux mineurs qui vont sans doute chercher fortune dans les Rocheuses.

Notre train comporte un convoi de l’armée nordiste. M’est avis qu’ils vont faire profil bas. Bien qu’ils revendiquent le Colorado, les nordistes le contrôle autant que notre cher Juarez contrôle le Mexique !

J’ai entamé une conversation avec le français. C’est bien un déserteur de la légion étrangère, il a quitté l’armée parce qu’il ne voyait pas l’intérêt de se faire trouer la panse en gardant les frontières du Mexique pour de mieux payés que lui.

Alors que nous étions en pleine conversation , deux types sont entrés dans notre wagon, avec l’allure d’hombres trop sûr d’eux. Ils ont commencé à adopter des poses belliqueuses, et l’un des deux a voulu entamer un discours. Je ne lui ai pas laissé le temps de finir et lui ai planté un couteau dans la gorge. La surprise aidant, le deuxième truand fut rapidement mis hors d’état de nuire par le Padre et le français.

L’attaque a été repoussée si vite que certains dans le wagon n’ont pas eu le temps de se réveiller de leur sieste. Nous avons ensuite dû expliquer aux soldats du convoi ce qui venait de se passer. Ils ont pris en charge les corps et le voyage s’est poursuivi sans encombres jusqu’à Denver.

Dimanche 3 juin 1877

Nous sommes arrivés en gare de Denver dans la matinée. Après avoir récupéré nos chevaux et nous être assurés que les corps des truands étaient bien pris en charge, nous nous sommes dirigés vers la gare.

Alors que nous traversions la foule, un indien en costume s’est dirigé vers nous comme s’il nous connaissait. Je n’ai aucune prévention particulière envers les Indien habituellement — notre président Juarez est un métis d’Indien — mais celui-ci s’est adressé à nous de façon plutôt déplacée. « deux dollars, et je sauve vos petits culs de blancs ». Pour qui il se prend ce type ? Et surtout pour qui nous a-t-il pris ? Je lui ai alors demandé pourquoi nous devrions payer et de quoi il cherchait à nous sauver au juste, mais il n’a consenti qu’à un : « je n’ai pas le temps de vous expliquer »

Personnellement, ce genre d’assertion m’agace et je l’ai donc envoyer paître, rejoignant le français qui, lui, avait déjà passé sa route sans écouter ce grippe-sou. Nous fûmes bientôt rejoint par le docteur qui a lui aussi refusé de payer cet escroc. Le padre et le gambler par contre ont accepté de payer l’Indien qui les a emmené à l’écart.

Contents de ne pas nous être fait escroquer, nous sommes alors sortis au grand jour, au milieu d’une foule nombreuse. Alors que nous allions nous mettre en quête d’un hôtel quelconque, il s’est soudain passé une chose incroyable. Un homme dans la foule s’est soudain pris la tête à deux mains avant de s’effondrer en laissant échapper par sa bouche une sorte de lumière noire qui s’est répandue autour de lui en une boule grossissant sans cesse.

En s’accroissant, cette boule s’est répandue de proche en proche, mettant au sol les gens dans son sillage. Avant que nous ayons pu esquisser un geste, nous étions à notre tour nimbée de cette lumière noire et froide. Nous avons aussitôt ressenti une vive douleur à la tête, ressenti une terreur abjecte, et laissé échapper nos montures. Le phénomène s’est prolongé jusqu’à ce que la sphère englobe la gare de Denver dans son entier, ainsi qu’une partie des quais et de la place du marché. Puis, soudain, la sphère s’est rétracté pour revenir à son point de départ (l’homme qui s’était écroulé le premier) et, finalement, disparaître.

Sitôt remis de ce phénomène, nous avons pu mesurer l’ampleur du massacre. Autour de nous plusieurs centaines de personnes gisaient. Nous avons récupéré nos chevaux, qu’il a fallu calmer, puis je me suis dirigé, avec le docteur, vers le type qui le premier avait été touché par le phénomène. Nous l’avons fouillé pour connaître son identité et, au passage, pour m’emparer de ses valeurs (pourquoi le nier ? Les temps sont durs…)

Le type s’appelait (car il était mort) Ariel Glowman, mais rien n’indiquait sa qualité. Aucune marque de blessures non plus, ni rien d’anormal sur lui pouvant ne serait-ce que donner une idée de ce qui venait de se passer. Pendant ce temps, le français a été retrouver nos camarades, indemne, et toujours accompagnés par l’Indien. Une fois de plus, il a refusé de répondre à nos questions et a prétendu être médecin et devoir s’occuper des blessés. Il nous a quand même indiqué l’adresse de son cabinet en ville.

Après avoir répondu aux quelques questions sommaires que nous ont posé les miliciens chargés de maintenir l’ordre en ville (ils sont nous a-t-on dit, nombreux et « rugueux »), nous avons enfin pu quitter la gare où ne sont restés que le padre et le doc’ qui voulaient, chacun à leur manière, soulager les malheureuses victimes.

Nous avons trouvé un hôtel où nous nous sommes installés, puis chacun s’est mis en quête d’un travail. Je n’ai pour ma part rien trouvé, mais je me suis mis en quête du cabinet de l’Indien. Bien que je l’ai localisé, je n’ai pu y entrer. Son associé était absent, et l’Indien n’y est pas rentré de la journée. Les voisins m’ont cependant confirmé qu’il était médecin et qu’ils soignaient, lui et son associé, essentiellement les déshérités.

Lundi 4 juin 1877

J’ai fait un horrible cauchemar cette nuit, comme si toutes mes peurs les plus secrètes se manifestaient en même temps. Je me suis réveillé en sueur, et pas très rassuré. Serait-ce un effet du phénomène de la veille ? Alors que nous sortions du sommeil autour d’un petit déjeuner et que le français prenait son travail de videur dans le bar de notre hôtel, des miliciens sont entrés et ont demandé à ce que nous les suivions sans faire d’histoires.

N’ayant nul intention d’en faire, nous leur avons remis nos armes et les avons suivi jusqu’au poste de la milice où nous attendait, outre une cellule, une foule hostile. Les cris de « meurtriers » et de « pendez-les » constituaient le gros des invectives dont nous furent la cible. Les miliciens nous évitèrent le lynchage, mais pas la compagnie de quelques demeurés comme voisins de cellule… L’Indien se trouvait également enfermé avec nous (ce qui explique qu’il ne soit pas rentré chez lui la veille). Il a cette fois accepté de répondre à nos questions, ce qui ne nous a rien appris en définitive. Il a prétendu avoir voulu nous sauver parce qu’il avait eu une vision l’avertissant d’un danger imminent et nous désignant comme des gens particuliers (de cela au moins, je ne doutais pas.) Et il ne sait rien du phénomène lui-même et n’a donc rien pu (ou n’a pas voulu. Méfiance !) nous apprendre dessus.

Nous avons passé le reste de la journée à nous demander ce que nous pourrions bien dire à notre interrogatoire (prévu pour le lendemain), et à nous engueuler avec nos voisins de cellule décidément bien stupides. La nuit fut semblable à la précédente : agitée.

Mardi 5 juin 1877

On nous a tous conduit, sauf l’Indien, devant le maire de Denver pour y être interrogé. Le maire ! Rien que ça ! Ceci dit, le gars m’a paru honnête et assez peu convaincu de notre culpabilité. Il a consenti à nous laisser sortir de prison à la condition que ce soit pour enquêter sur cette affaire. Il a gardé l’Indien en cellule comme « otage » (ce qui personnellement m’indiffère) et nous a confié aux bons soin d’un agent de la Pinkerton nommé Pete Fadaway. Une annonce a été faite en ville pour annoncer que nous allions enquêter pour la mairie ceci afin d’éviter un lynchage.

Ce dernier nous a emmené au siège de la Pinkerton à Denver pour nous présenter à sa supérieure : Hattie Lawton. J’ai appris chemin faisant que la Pinkerton était une agence de détectives qui avait vendu ses services à l’Union en tant que service secret. Fadaway nous a alors expliqué que lui et ses collègues soupçonnaient des espions sudistes d’être à l’œuvre en ville. Glowman, le type de la gare, était un de leurs agents et avait infiltré les sudistes. Il soupçonnait les sudistes d’avoir testé une nouvelle arme sur lui.

Après nous avoir indiqué le lieu où logeaient les espions, nous nous sommes séparés en trois groupes. Fadaway, le gambler et le doc ont été assister à l’autopsie de Glowman. Moi et le Français sommes allés fouiller sa maison, pendant que le padre allait à l’hôtel des confédérés pour les observer.

La fouille de la bicoque nous a ocupée un certain temps et ne nous a pas appris grand-chose. Nous avons découvert quelques papiers d’expertise minière et des plans de concessions (Glowman expertisait des filons), une correspondance avec un type de Nugget Gulch, un certain Doug Davis. Par contre, la maison avait déjà été fouillée car plusieurs dossiers manquaient dans le bureau de Glowman.

À notre retour en ville, le doc’ et le gambler était en état de choc. La morgue avait été attaquée pendant l’autopsie et ils ont prétendu que Glowman s’était relevé ! Les types qui ont attaqué l’hôpital ont séché Fadaway avant de s’enfuir en emportant Glowman. Le doc et le gambler ont prétendu que les assaillants étaent insensibles aux balles.

Le padre n’a pas donné signe de vie… J’ai à nouveau cauchemarder cette nuit.

Mercredi 6 juin 1877

Le padre nous a retrouvé au matin, après avoir passé sa nuit à suivre les espions sudistes qui prépare manifestement quelque chose pour ce soir. Nous avons décidé de les intercepter lorsqu’ils se décideront à sortir de leur cachette.

Le soir venant, nous avons avec l’aide des Pinkertons, encerclé l’hôtel des sudistes. Leur arrestation n’a été qu’une formalité, le padre s’illustrant tout de même en fracassant le crâne de l’un d’entre eux à mains nues !

Les confédérés détenaient en fait une arme d’un genre nouveau qui tire des capsules contenant une substance noire. Les Pinkertons ne nous ont évidemment pas laissé voir en détail cet engin. Dommage, si j’avais pu ramener un tel objet au Mexique, la cause de Juarez aurait sans doute fait un grand pas. Toujours est-il que nous avons été innocenté et que l’Indien a été libéré.

Sitôt libéré, plutôt que de nous remercier, l’Indien, qui décidément aime se faire détester, nous demande de lui rendre un service. Il voudrait que nous retrouvions pour lui un de ces amis retenu prisonnier dans un ranch à l’écart de Denver. Il n’a comme à son habitude, pas voulu en dire plus sur l’identité de ce Andrew Lane. Je me demande encore pourquoi nous avons accepté de l’aider. Sans doute quand il a prétendu pouvoir nous soigner corps et esprit en échange. Je suis en effet très préoccupé par ces cauchemars récurrent depuis l’incident de la gare de Denver.

L’Indien nous a mené à son officine, pour nous faire allonger chacun notre tour dans une sorte de lit sous verre très étrange. On y dort environné de vapeurs d’herbes étranges, mais je dois reconnaître ne jamais m’être senti aussi bien en sortant de mon lit. Je n’ai fait du reste, aucun cauchemar.

Jeudi 7 juin 1877

Nous nous sommes mis en route tardivement dans la matinée, car le temps que chacun pique son roupillon dans la machine, le jour était déjà bien avancé. À la tombée du jour nous sommes arrivés près du ranch que l’on nous avait indiqué, pour y découvrir un spectacle inattendu.

D’étranges engins volants surplombaient le ranch, et les pilotes de chacun d’entre eux déversait sur le bâtiment force balles et projectiles incendiaires. Depuis la baraque, des coups de feu répondaient à ce déluge de flammes et de plombs. Nous nous sommes mêlés au combat sitôt que nous nous sûmes repérés. Les défenseurs de la ferme semblait très aguerris et quasi invulnérables. Le doc et le Gambler les ont reconnu comme les agresseurs de l’hôpital.

Après un échange de feu nourri, les hommes-volant ont tous été abattu, tandis que les soldats inébranlables du ranch décrochaient en bon ordre pour échapper au bâtiment en flammes (un seul d’entre eux est tombé sous nos balles, et ce n’est pas faute de les en avoir criblé !)

Alors que le combat donc, touchait à sa fin, un autre engin volant, plus massif que ceux des assaillants s’est élevé au-dessus du ranch. Nous avons pu distinguer un pilote, et un autre personnage que nous avons supposé être Lane. Le français, peu soucieux de la vie de l’otage a tout de même tiré (il a prétendu par la suite ne pas l’avoir vu, mais comment savoir ?). Joli tir en tout cas, car l’engin s’est écrasé et nous avons pu, après avoir abattu le pilote qui s’est défendu au lance-flammes, récupérer Lane, blessé, mais vivant.

Nos camarades américains lui ont trouvé une ressemblance avec l’ancien président Lincoln, mais l’homme nous a avoué être le chef de la Pinkerton pour tout l’ouest américain, rien que ça ! Après nous avoir remercié, il nous a demandé de rejoindre ses équipes d’enquêteurs indépendants. Nous avons accepté, presque sans hésiter… Qui sait encore dans quel guêpier nous nous sommes fourrés ?

Volume 1 - Chapitre 2

Séance numéro 2

Vendredi 8 juin 1877

Après avoir ramené Lane à Denver, l’indien (au fait, il se nomme Faucon solitaire), nous a remercié et inviter à revenir le soir pour dîner en présence de Lane. Fourbus par notre escapade, nous avons été nous coucher toute la matinée, avant de vaquer chacun à nos occupations. Le padre est allé à l’église pour y expier le meurtre qu’il estime avoir commis en écrasant la tête de cet espion confédéré. Moi je dis qu’on ne fait pas de tortilla sans casser des œufs, mais bon, je ne suis pas pasteur… Le Gambler est allé s’inscrire au tournoi de poker de Denver (il était venu pour ça au départ) et le français et moi n’ayant rien de mieux à faire, sommes allés nous jeter quelques verres au saloon tout en observant les joueurs de cartes. Le doc lui, visiblement très ébranlé par nos péripéties, nous a faussé compagnie.

Alors que nous nous apprêtions à passer une après-midi tranquille, il a fallu qu’un importun vienne gâcher la fête. Au milieu de l’après-midi, j’ai reconnu dans la foule des clients du saloon — bondé en ce jour de tournoi de poker — un de nos « vaillants » soldat de l’Union, un de ceux du ranch. Le type s’est attablé avec un quatuor d’individus louches pour y commencer une partie de cartes. J’en ai fait la remarque au français qui est allé les observer de plus près.

Il n’a malheureusement pas été bien discret et s’est assez vite fait repéré, ce qui aurait pu ne pas être trop gênant s’il n’avait pas aussitôt après porté leur attention sur moi ! D’accord un légionnaire en uniforme et un mexicain en tenue de vaquero ce n’est pas discret, mais ce n’est pas une raison ! Bref, tout ce qu’on a réussi à glaner comme information, c’est que le quatuor est composé de cajuns (apparemment des français vivant dans le sud de la Confédération, je n’ai pas tout compris des explications de Lefranc.)

Le reste de la journée s’est passé calmement. On a pu voir quelques têtes connues dans la foule, notamment celle de notre siesteux du train qui s’est apparemment inscrit au tournoi de poker. Le Gambler quant à lui s’est qualifié pour la suite du tournoi. J’ai ensuite filé le « vaillant » unioniste pour voir où il loge. Il crèche dans un petit hôtel, pas très lion du saloon où se déroule le tournoi. Apparemment, j’ai été assez discret pour passer inaperçu.

Le soir venu, nous nous sommes rendus au restaurant que Lane nous avait indiqué. Ma filature m’a fait arriver en retard, mais bon, c’est pas comme si j’étais éduqué ! Puis quel meilleur moyen de se faire remarquer ? En portant un costume mexicain (râpé) digne des plus belles fiesta de l’état du Sonora ? Oui. Aussi. Le repas s’est apparenté à un interrogatoire à sens unique. Lane et Lawton posant les questions et ne répondant pas aux nôtres. Charmant. Ils voulaient savoir, et particulièrement Lawton, ce qui avait motivé notre intervention, pourquoi nous avions agi de telle ou telle manière en telle et telle circonstance. Bref, gonflant. J’ai mentionné pendant le repas Faucon Solitaire, et Lane m’a foudroyé du regard. On dirait que monsieur « je dirige l’agence Pinkerton à l’Ouest du Mississipi » fait des cachotteries à ses employés. J’ai donc omis de mentionner le rôle de l’indien dans toute cette histoire, le limitant au rôle d’illuminé dont la vision nous a mis à l’abri des évènements de la gare (ce qui n’est presque pas faux). Le français a mentionné le nom d’un type qui l’a abordé au cours de l’après-midi, un certain Ron Mitchum, qui paraît être un chasseur de primes en quête de gibier. Lane lui a affirmé que ce n’était pas un chasseur de primes, mais un Texas ranger (pouah !). J’ai appris à cette occasion que les Texas rangers occupaient dans le sud le rôle des Pinkertons au nord : celui de contre-espionnage. Quelque soit la raison de sa présence ici, de toute façon, moi, ça ne me plaît pas. Les Texas ranger et les Mexicains, c’est loin d’être une histoire d’amour ! Pour conclure ce mémorable dîner Lane et Lawton nous ont demandé d’enquêter sur le type qui conduisait l’engin volant, le type au lance-flammes. Ils veulent savoir qui il est et pour qui il bosse. J’en ai profité pour les avertir de la présence en ville de leurs « amis » unionistes que nous avons croisé au saloon. Ils souhaitent que l’on garde également un œil sur eux.

Fort de ce nouveau travail en or, nous sommes allés nous coucher, non sans que j’ai au préalable indiqué à mes camarades l’hôtel du « vaillant » nordiste.

Samedi 9 juin 1877

Le lendemain matin, nous nous sommes répartis les rôles : Moi et le padre retournions au ranch pour y rechercher tout ce qui pourrait nous donner une piste pour nôtre enquête ; le français et le gambler retournait au saloon, l’un pour surveiller nos « amis », l’autre pour son tournoi de poker.

Le ranch n’est pas tout près, et on va probablement devoir dormir là-bas. On s’est donc muni de matériel conséquent. Arrivés sur place, nous avons pu constater les ravages causés par l’incendie : le ranch est réduit en cendres.

La fouille des ruines ne nous a pas appris grand-chose étant donné qu’il n’y avait plus rien de debout. De même pour les restes de l’engin volant, sur lequel nous avons tout de même relevé une marque de fabrique : un H surmonté d’un éclair stylisé. Le corps du pilote avait en revanche disparu —nous l’avions heureusement déjà délesté de son équipement— ainsi que le corps du « vaillant » que nous avions abattu. Le plus dérangeant étant qu’apparemment, il s’est relevé tout seul ! Il a ensuite rejoint un groupe de cavaliers qui ont apparemment déserté les lieux. Néanmoins, en matière de dérangement, nous n’en étions qu’aux prémices… Nous avons également inspecté les restes des machines volantes qui attaquaient le ranch à notre arrivée. Et là, on change de monde pour ainsi dire.

L’appareillage ressemble à une longue tige d’acier sur laquelle est monté une sorte d’épouvantail dont les bras sont terminés par des gatlings et équipés d’une ceinture qui envoie des projectiles explosifs. Jusque là, ce n’est que du bel ouvrage technique. C’est quand j’ai retiré le chapeau surmontant le tout que nous avons basculé dans l’horreur. Relié à toute cette machinerie, il y avait un cerveau — humain à n’en pas douter — et deux yeux reliés au cerveau. Et les yeux bougeaient encore !

Le padre a rendu tripes et boyaux et moi, j’ai explosé cette… chose. Nous avons décidé de mettre un terme à l’existence de ces aberrations (si existence peut convenir dans ce cas précis) à l’exception d’une que nous allons ramener aux Pinkertons. Nous avons donc passé une bonne partie de la journée à construire un travois pour transporter notre macabre prise.

Nous avons donc effectivement dû passer la nuit sur place. Nous avons installé notre bivouac à l’écart des ruines, on ne sait jamais. Durant la nuit, nous avons repéré un autre feu de camp à quelque distance du nôtre. Nous avons hésité à aller l’inspecter, des fois que ce soit les cavaliers dont nous avions repéré les traces, mais n’étant que deux, et considérant qu’il pouvait s’agir de nos cavaliers invulnérables, nous nous sommes contenté de surveiller notre campement à l’écart afin de descendre d’éventuels maraudeurs nocturnes.

Au matin, quelques cartouches nous avait été volées dans nos fontes, mais rien de plus. Au fond, je préfère ça. Il s’agissait de simples truands. J’aurai préféré ne pas me faire voler, mais bon, on ne peut pas toujours gagner. C’est en tout cas ce que m’ont appris quinze années de guerilla face à l’occupant.

Dimanche 10 juin 1877

Retour à Denver. Le padre et moi nous sommes immédiatement rendus auprès des bureaux de Hatti Lawton pour lui confier notre trouvaille. Elle a paru très intéressé, et nous a offert à chacun une prime et un pistolet gatling en récompense de notre travail.

Puis, nous nous sommes mis en quête de nos camarades. Le gambler a été facile à retrouver : au saloon. Il a été éliminé de son tournoi de poker —au moins il va pouvoir se mettre à enquêter ce fainéant !— mais il a pu nous mettre au fait des dernières avancées de l’enquête du Français. Ce dernier devait, à partir des objets trouvés sur le pilote de l’engin volant, essayer de savoir d’où ils provenaient et où le type pouvait se les être procuré en ville. Les marques de fabrique devaient, en l’occurrence, nous y aider. Des deux objets que nous avions récupéré (un lance-flammes et une armure), l’un provenait d’une fabrique du Deseret (L’Utah si j’ai tout compris) et l’autre de fabrication locale, de la main d’un marionnettiste connu de Denver, si l’on en croit la guichetière de Smith & Robards du moins…

Seule ombre au tableau : le français est parti seul et sans prévenir le gambler de sa destination. Pas malin ça. Espérons qu’il ne s’attire pas de pépins.

Il nous a finalement rejoint en fin d’après-midi. Le marionnettiste n’avait pas confectionné le lance-flammes, mais il connaissait le nom du fabricant, un certain Kendall, spécialisé dans la fabrication d’armes. Tiens, tiens, tiens… Il a également appris, via son ami Texas ranger, que les cajuns et l’unioniste doive se rencontrer le lendemain soir. Les Cajuns doivent rendre un service au « vaillant » soldat en échange d’une forte somme. Leur rendez-vous aura lieu dans un lieu éloigné de Denver, à 1 km du port, le long du Cherry quick, le fleuve qui passe près de Denver. Il nous faudra donc être présent afin de savoir ce qu’ils manigancent. En attendant, priorité à l’arme !

Ni une, ni deux, nous voilà parti chez ce brave Kendall que le Français a déjà contacté en se faisant passer pour un acheteur potentiel. Le type est peu commode, et taillé comme une armoire à glace. Il n’a accepté de recevoir que le gambler (qui jouait le rôle de l’acheteur) et le padre (qui jouait le rôle d’un porte-flingue). Kendall a reconnu être l’auteur de l’arme livrée aux sudistes, mais a affirmé que l’arme en question ne pouvait pas avoir provoqué le nuage mortel de la gare. Il a déclaré également qu’il irait disculper les sudistes au procès.

Avec un peu de bol, on pourra aller voir le Texas ranger et lui soutirer du fric en lui faisant croire que c’est grâce à nous que Kendall est allé témoigner. Ça me plaîrait bien de lui escroquer son pognon… Le français nous a conduit jusqu’au Texas ranger avec lequel il a l’air de bien s’entendre, et ça ne m’étonne pas. Entre ennemis du Mexique, le courant ne peut que passer ! Moi, je ronge mon frein, mais je lui pourrirai ses plans aux Texan. Il peut rêver s’il croît que je vais l’aider ! On a quand même dit qu’on l’aiderait et qu’on bosserait pour lui. Je ne sais pas si les autres étaient sincères, mais personnellement, moi, non. Il attends de nous, outre la disculpation des espions sudistes, que nous nous emparions pour lui du contenu du fourgon blindé qui accompagnait notre train, rien que ça ! Il contiendrait à priori, les plans d’une nouvelle arme.

Sur ce, nous sommes allés nous coucher. Demain, il faudra repartir en quête de l’identité du pilote alors même que nos pistes sont nulles.

Lundi 11 juin 1877

Au matin, nous nous sommes réunis dans la salle à manger de notre hôtel pour faire le point. Du point de vue de l’arme, l’affaire est dans le sac. En revanche, retour case départ en ce qui concerne la mystérieuse brume noire de la gare. Si l’arme sudiste n’en est pas responsable, alors d’où est-elle sortie (de Glowman. Ok. Mais c’est pas ça que je voulais dire.)

Sur l’identité du pilote, pas mieux. Le corps a disparu, nous n’avons pas son nom, et aucun moyen de retrouver sa trace. Bref, tout allait pour le mieux. Ne restait plus que notre affaire avec les Cajuns et les unionistes invincibles et . Donc, nous avons à nouveau réparti les tâches. Le gambler au saloon (de toute façon il adore ça) mais il n’a pas voulu nous dire pourquoi. Paraît-il qu’il pourrait avoir des infos importante là-bas. Mouais… Des informations pur malt sans doute…

Le padre, ira à la gare pour tâcher d’en apprendre le plus possible sur le fourgon blindé. Moi et le Français irons chez Faucon Solitaire afin de lui demander s’il connaît des moyens de démolir les Unionistes. Après tout, ce type a des visions. Il s’y connaît peut-être dans le domaine magique ?

Et pour ne pas changer, Faucon Solitaire nous a avoué (même si on en attendait pas moins de lui) son ignorance en la matière. Nous lui avons fait un rapide récapitulatif de nos recherches, et il s’est enfin rendu utile en identifiant le logo de l’engin volant : il appartient à la firme de Darius Hellström, un savant reconnu mondialement et vivant à Salt Lake City. Tant qu’on y était, on a voulu en savoir plus sur ce lit miraculeux qui soigne les troubles consécutifs à la brume noire.

Il n’est pas le concepteur de ce lit, qui lui a été livré par un savant de Denver nommé Herbert Zed. Le lit est expérimental et le nom de tous ceux qui l’ont utilisé sont consigné dans un registre (donc on a servi de cobaye, youhou !) et Faucon s’inquiète d’ailleurs car l’assistant de Zed, Allan Statford, chargé d’entretenir l’engin, n’est plus venu depuis trois jours. Ceci situerait sa disparition au même moment que notre visite au ranch ! Du coup, nous nous sommes penchés sur le personnage. Zed est un proche voisin de Faucon, et nous avons décidé de lui rendre visite.

Zed était heureusement chez lui, mais il n’a pas pu nous apprendre grand-chose. En effet, son assistant a disparu, mais il ne sait pas où. Il est très inquiet et nous a demandé de le tenir au courant en cas de nouvelles fraîches. Nous ne lui avons bien entendu rien dit de nos soupçons. Il nous a indiqué l’adresse de Statford et nous avons fouillé sa chambre, mais en vain. En tout cas, la description que nous en a donné la taulière de l’immeuble confirme que Statford était bien notre pilote.

À midi, lors du repas, le Gambler nous apprend qu’il a rencontré au saloon des types plutôt calés en poker qui lui ont dit que le cas de nos « vaillants » unionistes ne leur rappelaient rien, mais que parfois, pour les personnes « rétives » aux arguments de calibre 45, l’emploi de balles bénies pouvait être bénéfique. Je vois pas comment des joueurs de poker peuvent savoir ce genre de choses, ni pourquoi il leur en a parlé mais au point où on en est…

Le padre a décidé de consacrer son après-midi à bénir des balles. Je n’ai pas pu m’empêcher de frimer en montrant au Français mes deux pistolets gatling (le padre m’a donné le sien). Il a semblé impressionné. Bon, je sais pas m’en servir. Mais ça, il est pas obligé de le savoir.

Alors que nous allions retourner vaquer à nos occupations, il m’est arrivé une chose peu banale. J’ai été pris d’un vertige et d’un terrible mal de crâne. J’ai tourné de lœil et me sui évanoui. Je me suis alors retrouvé « transporté », je ne vois pas d’autres mots en un lieu sinistre, une grande plaine stérile, surmontée de noirs nuages. À mes côtés, une jeune fille qui me fixait hallucinée. On lisait sur son visage une terreur intense. Elle me regardait et semblait chercher à m’avertir de quelque chose. Alors que je cherchais à comprendre, de tous les côtés de l’horizon sont apparues des formes noires. D’abord imprécises, elles sont devenues plus nettes à mesure qu’elle se rapprochaient de moi. Je distinguais alors une horde de créatures hideuses et terrifiantes qui se ruait vers moi. Incapable de faire un geste, c’est en spectateur que je les ai vu, oui ! vu ! s’introduire dans mon crâne comme s’il se fut s’agit d’une motte de beurre. La douleur était intolérable et je m’évanouissait à nouveau.

À mon réveil, j’étais dans les bureaux de la Pinkerton. Le gambler et le Français qui étaient à mes côtés lors de l’attaque, m’ont expliqué que j’avais été victime de la même attaque que Glowman (sauf que j’y ai survécu) et qu’il y avait à nouveau eut des morts en pagaille. Accessoirement, on nous met derechef tout sur le dos.

La conclusion qui nous vînt à l’esprit, c’est que le lit de Zed devait en être la cause. Aussitôt, nous sommes allés chez faucon Solitaire pour vérifier notre théorie dans le registre. Bingo ! Glowman avait également fait usage du lit. Conclusion suivante : Zed doit être capable de provoquer ces « crises ». Donc, il est mort.

On s’est ensuite précipité chez lui, mais sa concierge nous a appris qu’il venait de partir avec toute sa famille (sa femme et sa fille). Le laboratoire de Herbert Zed était en effet vide de monde, tout comme son appartement. Le gambler s’est alors enfermé dans un placard pour en ressortir un instant après en nous hurlant de nous rendre à la gare. Faute d’une meilleure chose à faire, c’est ce que nous avons fait. En cours de route, il nous a expiqué qu’il avait eu une vision de Zed regardant Denver s’éloigner par une vitre et avoir entendu un bruit de chaudière. Il se met à avoir des visions lui aussi ? Va falloir veiller à ce qu’il ne devienne pas aussi pénible que Faucon Solitaire celui-là…

Nous sommes, comme de juste, arrivés trop tard à la gare. Le train venait de partir. Grâce au télégraphe, nous l’avons fait stopper à la première gare sous le prétexte que le responsable des attaques noires se trouvait à bord. Puis nous avons rallié la gare au triple galop et fouillé le train. De Zed et de sa famille, aucune traces. C’est alors que le Français s’est souvenu que dans son catalogue d’inventions, il a vu des chariots à vapeur, des sortes de diligences sans chevaux et que c’est sûrement comme ça qu’il est parti. À priori il a pris la direction de Salt Lake City.

Pendant que nous perdions notre temps dans le train, le gambler, resté en ville, est allé au rendez-vous entre les unionistes et les Cajuns. Seul. Il y a vu des choses pour le moins incongrues (à moins qu’il n’est bu et tout inventé ?) Les Cajuns ont utilisé le cadavre de Statford pour pratiquer je ne sais quelle sorcelerie. L’un d’eux a mangé un bout du corps et Statford aurait parlé par sa bouche ! Du délire !

Toujours est-il que « Statford » aurait reconnu bosser pour Zed et avoir été envoyé pour récupérer Lane. Les Unionistes ont également voulu savoir qui nous étions et pour qui on travaille, mais ils en ont été pour leurs frais, Statford n’ayant pas pu leur répondre. Ensuite, le gambler a été repéré et a dû fuir. Je ne sais pas quel crédit on peut accorder à ses dires. Disons que n’eut été ma récente « expérience Glowman » j’aurai rejeté tout en bloc. Mais là, les circonstances ne sont plus les mêmes…

Voilà où nous en sommes. Hatti Lawton attend de nous que nous poursuivions Zed et notre prochaine étape semble être Salt Lake City.

deadlands/vivre_n_est_pas_un_crime/cr/jaime_salcedo.txt · Dernière modification: 2019/09/20 15:08 (modification externe)